Notre première réunion de l’année 2024 s’est déroulée le 18 janvier au cercle mixte de Strasbourg. Les rigueurs hivernales n’ont pas découragé les AET 67 qui se sont déplacés en nombre pour participer à cette manifestation annuelle qu’est l’assemblée générale. Après la présentation des vœux à tous les membres, le président présenta et commenta les différents bilans de la section AET 67 pour l’exercice 2023, puis dressa quelques perspectives d’activités pour 2024 en soulignant l’étude particulière et importante d’une proposition d’organisation du Congrès national AET en 2025.

35 AET et conjointes du département étaient présents à cette réunion ; parmi eux nous avons eu le plaisir d’accueillir officiellement de nouveaux membres qui ont reçu l’insigne (pins) AET des mains du président :

- Joël Paris (71 Is 74 ),

- Michel Bonnot ( Au 79 ),

- Michel Schmitt (75Au 81 & ancien commandant du L.M.d’Autun),

- Bernard Fauriat (53 Tu 60 LF 62 ),

- et Jean François Woelfflin (67 Au 72) présent depuis 2022.

Très satisfaite de cette arrivée importante, la section souhaite la bienvenue à ces nouveaux membres.

A l’issue de cette phase, des discussions plus variées se sont développées autour d’un apéritif bienvenu suivi d’un excellent repas dont le plat principal était une récente spécialité alsacienne : une « choucroute aux poissons ».

La journée s’acheva après l’interprétation du chant des Enfants de Troupe par la talentueuse chorale  AET 67.

Le 10 février de notre calendrier grégorien coïncide avec le premier jour de l’Année du Dragon dans le calendrier lunaire ; la célébration de cet évènement au Vietnam débute dès le matin du 1er jour de l’année et se prolonge durant 9 jours ; cet évènement est le festival le plus important de la tradition vietnamienne et permet de manifester le respect aux Ancêtres et d’effectuer des réunions de famille.

C’est dans cet esprit que notre ami André Wiele, ancien président des AET de DALAT et ses amis, Anciens de la même école, convièrent les membres de la section AET 67 à cette fête du Têt 2024.

La célèbre et magnifique salle du Barabli (ancien cabaret alsacien bilingue de 1946 à 1992, fondé par Germain Muller, chansonnier poète et humoriste) située au sein du cercle mixte de Strasbourg, fut choisie par le général (2s) Degoulange pour prononcer une conférence sur « la guerre d’Indochine ».

Une centaine de personnes passionnées d’Histoire étaient présentes et ont suivi avec intérêt l’exposé retraçant ce terrible conflit de ses origines moyenâgeuses jusqu’à nos jours et notamment :

- le début de la colonisation sous le second Empire en 1858 suivie de la création de la Cochinchine , des protectorats des Cambodge, Anam, Tonkin, Laos, …

- les conflits régionaux impliquant Chine, Japon, Corée, .. dans un climat d’hostilité américaine à la souveraineté française en Indochine,

- la défaite de Dien Bien Phu en mars 54 et ses conséquences,

- la fin de la guerre d’Indochine le 21 juillet 1954 ratifiée par les accords de Genève,

- le dernier départ du Pasteur, paquebot emblématique des relèves qui appareilla pour la dernière fois d’Indochine le 15 mars 1956 ,

- la décolonisation française, ... . 

Le conférencier, président de l’Association de la Guerre Électronique de l’Armée de Terre, a mis en exergue la très faible capacité d’écoute de l’armée française en 1945 puis son essor manifeste avec l’intensification des écoutes radioélectriques, le développement des techniques de décryptage des communications, la localisation des émetteurs adverses, la recherche et l’exploitation du renseignement qui n’ont cessé de progresser depuis cette période pour être inclus aujourd’hui dans l’éventail de spécificités de la guerre électronique.

Avec plusieurs décennies de recul, sur cet évènement tragique, la phrase du général Y . Gras extraite de son livre « Histoire de la guerre d’Indochine » / éditions Plon 79, semble toujours d’actualité et montre que la géopolitique mondiale n’a pas évolué significativement : 

« La guerre d’Indochine s’inscrivait , dans l’indifférence, comme une expédition coloniale et s’était poursuivie par inertie comme un épisode de la lutte du monde libre contre le communisme »

A la suite de cette brillante conférence, les auditeurs se sont retrouvés dans la même salle mais autour de bonnes tables pour y savourer un excellent repas tout en prolongeant les conversations sur cette page de notre Histoire.

Les conversations se sont poursuivies de façon très chaleureuse ; après les mots de gratitude et de félicitations adressés au général Degoulange pour son excellente et remarquable prestation, les participants se sont quittés satisfaits de cette journée de rappel, de complément et d’approfondissement historiques mais aussi de rencontres sympathiques.

Complément :

des Eurasiens, AET de Dalat,

toujours fidèles à la Section AET 67

Fait tout à fait remarquable, parmi les auditeurs, quelques membres de la section AET 67 ont vécu cette guerre durant leur prime jeunesse au Vietnam, et évoquent leur départ pour la métropole en 1956. Ainsi A. Wiele et quelques camarades d’école, Eurasiens, ont vécu au Vietnam jusqu’à l’âge de 12 ans et passé 3 ans de 1953 à 1956 à l’Ecole d’Enfants de Troupe de Dalat (EETD) située d’abord à Dalat puis rapprochée progressivement du Cap Saint Jacques afin de faciliter le repli attendu par bateau de Saïgon vers la métropole. Le 2 février 56 (en saison très ensoleillée), sous une température de 30°C, le paquebot mixte H. Poincaré appareilla à Saïgon, embarquant rapatriés en tenue d’été , cercueils et fret ;

le périple du bateau mena les passagers d’abord à Singapour, puis Colombo où après attente de décision sur la suite de l’itinéraire retour ( transit par le canal de Suez ou détour par le cap de Bonne Espérance ? !) fut autorisé par Djibouti et Port Saïd ; l’expédition dura 3 semaines ; le confort du paquebot était spartiate : les hamacs suspendus dans les fonds de cale autorisaient le repos lorsque la météo ne permettait pas de passer la nuit sur le pont à la belle étoile.

L’arrivée à Marseille sous une vague de froid de l’hiver glacial 56 , le 23 février fut saisissante et reste gravée dans les mémoires : en short, sans le moindre vêtement d’hiver, sous la neige avec des températures extrêmement basses !!! ….. ; un détachement de l’EMP d’Aix en Provence, avec fanfare accueillait les Dalatois qui en retour ont entonné leur chant d’école . Affectés provisoirement sur différents sites de transit, les Dalatois reçurent un peu plus tard une affectation définitive dans les différentes écoles militaires préparatoires métropolitaines et suivirent le cycle normal de la scolarité française.

Article rédigé avec le concours d’André Wiele ( ancien président AET Dalat et membre section AET 67 ) et publié avec son aval.